La récente décision des pouvoirs publics de lever l’obligation de publier les bilans des TPE et de certaines PME (qualifiées par deux des trois critères suivants : CA < 700K€, total bilan < 350K€, effectif < 10 salariés) est une fausse simplification et surtout une fausse « bonne idée »
• Elle est contraire au besoin de confiance qui doit exister entre les entreprises pour qu’elles puissent commercer entre elles en toute confiance.
Ce n’est pas en « cassant le thermomètre », l’instrument de mesure du risque, que l’on facilitera le crédit interentreprises, première source de crédit aux entreprises, trois fois supérieur en volume aux concours bancaires à court terme.
• Les entreprises continueront d’être scorées, et leur crédit d’être évalué, sur la base d’informations plus parcellaires
et donc de façon plus stricte par les experts du scoring, des sociétés d’information, des assureurs crédit, dont l’appréciation tendra à devenir plus conservatrice
• Les fournisseurs et les donneurs d’ordres des TPE/PME ne manqueront pas de leur demander des preuves de leur capacité financière à honorer leur contrat. Au lieu de publier une fois pour
toutes leurs comptes, elles devront les produire pour leur agence d’interim, leur loueur de véhicules, leur banque, leur loueur de
matériel bureautique… En fait de simplification, c’est la complication – et d’une certaine façon la défiance – généralisée qui risque de s’installer.
• La comparaison avec l’Allemagne montre qu’aujourd’hui plus d’entreprises allemandes publient que d’entreprises françaises : souvent utilisée par les détracteurs de l’obligation de publication, la
tendance s’est en réalité déjà inversée il y a quelques années.
Au motif de simplifier la vie des entreprises et de les protéger des regards indiscrets de leurs concurrents, cette décision, si elle est
suivie d’effet, risque de créer une opacité nuisible à la qualité des relations d’affaires.
Pour les sociétés d’information membres de la FIGEC, c’est une source d’information en moins pour alimenter leurs bases de données et pour les sociétés de gestion de créances en BtoB, c’est un outil de moins pour piloter les stratégies de recouvrement des créances commerciales et donc un élément en moins pour l’efficacité de leur
action économique.
Nous souhaitons donc que les pouvoirs publics revoient leur décision : en l’état, elle ne correspond pas à une véritable simplification de la vie des entreprises qui devront toujours produire leurs comptes pour les administrations et devront semble-t-il continuer de les déposer aux greffes locaux.
Le fait de vouloir protéger certaines start-up (qui en général préfèrent d’ailleurs choisir de payer une amende et ne pas publier leurs comptes) ne justifie pas une disposition transverse à toute l’économie, qui vient de surcroît opacifier dangereusement le climat des relations interentreprises. Une telle disposition ne peut qu’aggraver les tensions de trésorerie des PME, déjà très sensibles en raison de la crise.
C’est en ce sens que sera organisée l’action de la FIGEC dans les jours et les mois qui viennent.